Mais je sens que mon cœur murmure et retient ma plume.
Jean-Jacques Rousseau.

lundi 1 novembre 2010




Un homme marchait droit devant lui, un peu comme un con, comme s'il se moquait de lui-même ou de l'avenir ou de la pensée des autres à propos de lui-même et de son avenir. Il continua à marcher, traversa le parking, descendit les marches et poursuivit jusqu'à la porte du bâtiment - c'était la seconde entrée, à vrai dire, celle réservée aux stagiaires. Il entra, persistant à regarder ses pieds pour ne pas surtout ne pas croiser le regard des autres, ne pas avoir à dire bonjour ou d'autres fadaises de ce genre. Il prit l'escalier, monta jusqu'au second étage. Il ouvrit une fenêtre, sauta dans le vide, s'éclata le crâne contre le sol. Je n'ai pas manqué un élément de la scène, ce fut un horrible spectacle, j'avais l'impression de vivre son suicide à sa place alors même que je vivais je ne tombais pas dans le vide et mon crâne était encore là, dans son intégrité, plein de chair et de cervelle humaine. Je n'étais pas le seul à avoir assisté à la scène. En fait, tout le monde était là. Tout le monde avait vu le ridicule de la situation, le côté tragico-absurde d'un type qui met fin à ses jours pour de bonnes raisons. Parce qu'avait-il une seule raison de continuer à vivre ?

Les policiers arrivèrent une demi heure plus tard, regardèrent le cadavre, prirent des notes sur des carnets minuscules. Des types en blouse prélevèrent un peu de cervelle pour en mettre dans une éprouvette. Certains d'entre eux se chuchotaient des trucs dans l'oreille avec un petit sourire mesquin. Puis, ils sont partis avec le corps de T.C., et deux heures plus tard, alors que nous avions repris le cours de nos activités, une société de nettoyage (la même en réalité qui s'occupait de l'entretien des locaux, à partir de 17 heures) fit en sorte de faire disparaître tout le rouge des graviers.

Et ce fut tout.

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