Mais je sens que mon cœur murmure et retient ma plume.
Jean-Jacques Rousseau.

lundi 15 novembre 2010


Il était confronté, comme la plupart des faux écrivains, au vide du manque d'inspiration, et se berçait de l'illusion de croire que ce manque n'était que passager et qu'un jour ou l'autre le Génie le visiterait à nouveau. Il portait un pull rouge et se forçait à écrire frénétiquement sur une feuille blanche quelque chose qui s'auto-proclamait début de roman, sans pourtant témoigner la moindre qualité littéraire - disons que c'étaient des mots, mis les uns à la suite des autres, qui avaient peut-être du sens - mais seulement du sens ; ce n'était pas de la littérature. Si quelqu'un avait pu jeter un œil par-dessus son épaule pour voir ce qu'il écrivait et en juger par lui-même, il aurait pu lire ceci :

Nicolas était assis à son bureau, se prenant pour un écrivain dans la mesure où il se forçait à adopter un mouvement frénétique du poignet comme s'il avait quelque chose à dire qui soit autre chose que le ressassement éternel du vide de sa personne, ce qui bien sûr n'était pas le cas. Depuis sa naissance, Nicolas était un raté. Présentement, il était confronté, comme la plupart des faux écrivains, au vide du manque d'inspiration, et il se berçait tranquillement, comme un bébé, de l'illusion de croire que ce manque n'était que passager et qu'un jour ou l'autre le Génie de la Création et de la Nature le visiterait à nouveau car oui, cet homme ridicule avait la prétention d'avoir déjà été approché par le Génie, et ce durant son adolescence, mais il le confond probablement avec de banales mais puissantes hormones qui, à cet âge de la vie, en décuplant et le désir sexuel et l'ensemble des passions humaines, pouvaient avoir pour conséquence imprévue de stimuler la création artistique ; mais cela restait un phénomène biologique. Il se forçait à écrire sur une feuille blanche quelque chose qui s'auto-proclamait début de roman, sans pourtant témoigner de la moindre qualité littéraire ou once de talent ; car à vrai dire, il n'avait rien à dire, et tout ce qu'il se forçait à écrire n'était que le ressassement perpétuel du vide de sa personne.

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