Mais je sens que mon cœur murmure et retient ma plume.
Jean-Jacques Rousseau.

dimanche 9 janvier 2011

L'avenir incertain de la mémoire

Je suis fatigué et j'ai froid. Je n'ai pas encore pris ma douche.

Je voudrais recréer ce qui m'apparaissait possible lorsque j'étais enfant : l'écriture automatique, c'est Maman qui m'avait appris cette expression sans pour autant me l'expliquer vraiment ; c'était elle qui m'avait incité, plus ou moins directement, à prendre une feuille et à écrire dans la salle de jeux, un après-midi d'été, chez mes grands-parents, une série de mots me venant à l'esprit, séparés seulement par des tirets et n'étant liés entre eux que par association d'idées. Retranscription maladroite et inconsciente des dérives associatives que l'on retrouve dans le rêve.
Exercice vain, rangé à côté des dessins que j'avais fait de la piscine et d'un sous-marin.

Je n'ai aucune raison de me souvenir de ça en particulier. Et je doute de l'intérêt de le retranscrire. Histoire peut-être de rappeler mon existence à la blogosphère, ou au monde virtuel dans son ensemble. Au monde tout court.

Une bouteille jetée à la mer, comme on dit. 

C'est peut-être aussi le propre du net de nous inoculer le besoin de prouver au monde notre existence. La virtualisation du monde faisant renaître l'humanité telle une boucle itérative, le web 2.0 fait table rase du passé et de l'ancrage territorial de nos existences fragiles ; mais à défaut d'un corps véritable, il nous reste une âme flottante, une volonté absurde contre l'effacement de la réalité ; il nous reste des passions déchirantes, un corps abstrait, un concept de corps.

Je me souviens, donc j'existe. Je dis que je me souviens, donc j'existe aux yeux des autres.

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