Cela faisait des mois que je n'étais pas retourné sur le campus de Nanterre. Lieu désolé, qui n'inspire que la solitude. Au printemps, cependant, il y a comme quelque chose dans l'air qui pourrait donner envie de s'allonger sur la pelouse, de prendre un livre, ou bien de regarder les filles qui passent.
Le prof nous donna un sujet de dissertation pour nous exercer : « Peut-on douter de tout ? »
Personnellement, je doutais surtout du sens de mon existence. Mais le corrigé nous appris que, pour un professeur de philosophie, le doute s'appliquait d'abord à la connaissance, et qu'il s'agissait de savoir quel était le bon usage du doute permettant de fonder des connaissances certaines.
J'avais envie de lui dire : « Monsieur, vous négligez les enjeux existentiels. Si la certitude est l'antonyme du doute, elle ne se réduit pas à la certitude de la connaissance ; la première des certitudes est la certitude de soi, d'être au monde, etc. »
Mais j'avais potentiellement tort. Et j'étais, plus que potentiellement, de mauvaise foi. Je ne dis pas un mot, le regardai de mes yeux vitreux et absents. Il évita mon regard et me prit certainement pour... un légume.
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