Mais je sens que mon cœur murmure et retient ma plume.
Jean-Jacques Rousseau.

lundi 15 novembre 2010

La nuit des mort-vivants

Suis-je le seul dans cet état de demi-sommeil et de vide intérieur ? Ou plutôt, suis-je le seul à en avoir conscience dans cette marée de zombies qui nous submerge chaque jour et en ce jour et tous les jours à venir, suis-je donc le seul zombie partiellement zombifié, à la conscience sublimant la chair verte et moisie ?

Mais qu'est-ce que je raconte. J'écris de la merde. La seule chose que je suis capable d'écrire, à la limite, c'est : je suis écrivain, alors même que c'est faux. Je suis écrivain. C'est faux. Je suis écrivain. Menteur. Tu veux être écrivain. Je ne suis pas écrivain.

Je ne devrais donc pas écrire, puisque je ne suis pas. Écrivain. J'ai fait ce blog, mais personne ne le lit à part moi. C'était comme si je m'amusais (entre guillemets) à écrire frénétiquement un bouquin et que, sans passer par un éditeur je m'amusais (entre guillemets) à le glisser entre deux livres sur le rayon d'une bibliothèque (cet endroit où je ne vais jamais). Ce serait terriblement excitant.

Quel rapport, d'ailleurs, avec les zombies ? Eh bien si, je veux dire, enfin, il y a un rapport, je nage dans le brouillard, je m'imagine être atteint de pathologies en tout genre, et je suis aussi dynamique qu'un zombie qui se serait shouté ou qui n'aurait pas dormi depuis une semaine. Pourtant, je dors, je dors et je lis même le week-end (ô noble et sacrée activité, je te révère ô noble activité, tu es le Dieu des passe-temps et consume-énergies de nos corps inutiles), mais qu'est-ce que je raconte. Qu'est-ce que je raconte. Ce que j'écris est inutile, c'est juste l'énergie du désespoir, celle de l'impuissant qui va s'efforcer de faire l'amour à sa femme sans en avoir les moyens, c'est l'énergie du désespoir de la mort celle qui fait courir les hommes jusqu'à ce qu'ils meurent de fatigue conscients de leur propre impuissance à être, faire, et créer, je veux dire créer, faire, et être de l'art ou un artiste enfin faire en art ce à quoi aboutit la reproduction sexuelle en biologie ou tout simplement en vie de tous les jours, si je puis dire, mais je sais que je ne m'exprime pas très clairement, présentement, que je suis même illisible il faut le dire et consciemment et volontairement et provoquamment si je puis ou plutôt pas puis dire, si je puis me permettre, je suis fatigué, j'ai mal aux yeux et je n'ai pas envie d'être demain qui sera une journée recommençant celle d'aujourd'hui avec les mêmes ingrédients sauf que le chef sera en réunion et en prenant insidieusement le nom de mardi, mardi masque du changement cachant la répétition la théorie du retour du même, la merde et la mort.

Avec ce message, je suis sûr et certain de faire fuir un internaute qui se serait par hasard égaré sur mon blog, alors qu'il cherchait tout autre chose par exemple comment aller sur tel ou tel site pornographique, enfin je n'en sais rien je ne suis point dans la tête des nobles gens en quête de pornographie ou de tout autre chose, je n'en sais rien moi, je ne suis point dans la tête des gens et je ne suis point né non plus pour forcer au-delà de raison mes penchants empathiques.

Il faut, par ailleurs, il faut absolument que j'aille prendre une douche si je veux ne pas me coucher trop tard, ce qui serait déjà, par anticipation, mal commencer ma journée de demain qui je n'en doute pas commencera mal de toute manière, non je rigole ceci est une audacieuse plaisanterie ayant pour finalité de détendre l'atmosphère, en fait ce que je fais c'est que je m'acharne à écrire de la merde dans la mesure où cette dernière contribuera à plomber mon blog et à le faire s'enfoncer comme une merde dans les profondeurs insondables du net, puisque le net c'est un peu comme un iceberg, on ne voit que dix pour cent de son volume, mais de ce blog on ne voit rien puisqu'il est perdu à jamais, à moins que je n'en fasse par exemple la publicité sur facebook mais cela ne m'enchante guère comme perspective puisque des gens de ma connaissance pourraient se dire "Ah tiens je ne l'aurais pas cru comme ça", et ça ça m'énerve puisque je suis et je veux être tout à la fois sans distinction de culture ni de race, je veux tout être à la fois et les gens ne me connaissent pas et moi non plus d'ailleurs, je suis tout et je ne suis rien, j'écris sur tout et je n'écris sur rien, je n'aime même pas mon propre désespoir intarissable qui n'intéresse et n'intéressera jamais personne, et mon blog sera abandonné par moi-même certainement bientôt, par désespoir ou pour cause de suicide par exemple.

Mais qu'est-ce que je raconte. Il faut que j'aille à la douche. Je pourrais continuer encore mais il faut que je me relise pour voir si je n'ai pas fait de fautes d'orthographe et parce qu'il faut que j'aille à la douche. Demain sera un autre jour. Et Inch' Alla je sais même pas comment ça s'écrit ce machin, il faut que je relise pour voir si j'ai pas fait de fautes d'orthographe et puis il faut que j'aille à la douche.

Voilà maintenant que j'ai écrit tout ça je vais mettre sur mon C.V que je suis un écrivain. LOL. Et le pire c'est que je pourrais continuer à écrire des conneries comme ça toute la nuit. En fait j'aime écrire sur mon blog plutôt que sur une feuille puisque je me sens observé, même si ce n'est pas le cas. C'était comme s'il y avait un troisième homme, en sus de moi-même et de ma propre conscience.

Enfin bref. Je pourrais continuer longtemps, mais je bute sur des contraintes spatio-temporelles. La nuit arrive puis demain et le temps qui les annonce et porte avec lui les événements de la vie.

1 commentaire:

  1. "J'ai fait ce blog, mais personne ne le lit à part moi."
    Si, moi je lis ! :D

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